Il y a exactement 25 ans entrait en vigueur l’interdiction d’utiliser son GSM au volant
Pendant plus d’un mois, l’institut Vias a observé près de 20.000 conducteurs à plusieurs endroits du pays afin de mesurer l’ampleur de l’utilisation du GSM et d’autres appareils électroniques. Il en résulte que, tous usagers confondus, les conducteurs parcourent 4% de leurs trajets en étant distraits. Pour les camionneurs, ce chiffre grimpe à 7% et pour les conducteurs de camionnettes à 8% ! Cela veut donc dire qu’un livreur qui parcourt 40.000 km par an est distrait pendant 3200 km ! L’institut Vias espère vivement que l’utilisation de caméras permettra de mieux lutter contre ce phénomène.
Le 1er juillet 2000 entrait en vigueur l’interdiction d’utiliser son GSM au volant. 25 ans plus tard, l’institut Vias a observé le comportement des conducteurs dans 161 endroits à différents moments de la journée et de la semaine afin d'en savoir plus sur l'ampleur de la distraction au volant.
1 conducteur de camionnette sur 12 distrait !
Au moment où ils ont été observés, 1,6% des automobilistes tenaient leur smartphone en main, 1,8% étaient occupés à interagir avec leur écran de bord et 0,3% interagissaient avec leur smartphone fixé sur un support. Au total, 3,7% des automobilistes ne regardaient donc pas vraiment la route et auraient été incapables de freiner à temps en cas de situation d’urgence. Pour les chauffeurs de camions, cela grimpe à 7,4% (dont 3,7% tenaient leur GSM en main !) et pour les conducteurs de camionnettes, 8,3% (dont 3,3% avaient leur GSM en main) ! Au volant de ces véhicules se trouvent souvent des chauffeurs professionnels soumis au stress des délais à respecter. Néanmoins, leur masse plus importante aggrave les conséquences d’un accident en cas de distraction.
Portrait-robot du conducteur distrait
Si on devait dresser un portrait-robot du conducteur distrait, il s’agirait plutôt d’un conducteur :
- de sexe masculin (1,8% des hommes tenaient leur GSM en main lors des observations contre 1,2% pour les femmes) ;
- âgé entre 18 et 24 ans (4,6% tenaient leur GSM en main contre 1,6% pour les 25-64 ans) ;
- qui roule en Wallonie (2,2% des conducteurs wallons tenaient leur GSM en main contre 2,1% des Bruxellois et 1,8% des Flamands) ;
- qui conduit sur autoroute (2,7% des conducteurs tenaient leur GSM en main contre 1,5% sur les autres routes) ;
- qui est seul dans son véhicule (2,5% des conducteurs tenaient leur GSM en main contre 0,7%)
Moins de coups de fil, plus de messages
Aujourd’hui, le GSM est de plus en plus utilisé pour envoyer ou lire un message ou scroller plutôt que pour téléphoner sans kit mains libres. Pour la sécurité routière, cette évolution n’est pas positive : le risque d’accident d’un conducteur qui téléphone GSM en main est multiplié par 2 par rapport à un conducteur pleinement attentif; pour un conducteur qui lit ou rédige un texte, il est multiplié par 12. C’est logique : régler la navigation ou envoyer un SMS requiert par exemple plus d’attention de la part du conducteur qu’appeler un contact ou choisir une station de radio.
L'utilisation de commandes vocales peut réduire la fatigue motrice et visuelle en n'obligeant pas le conducteur à manipuler les boutons ou l'écran tactile et en ne détournant pas son regard de la route. Mais les commandes vocales peuvent créer une charge cognitive supplémentaire si le système d'infodivertissement ne fonctionne pas correctement ou ne comprend pas une instruction. Cela prolonge alors la durée de l'interaction avec le système
A quand les caméras ?
Chaque année, la distraction causée par l’usage du GSM au volant est responsable de 50 tués et de 4500 blessés sur nos routes. L’usage du GSM au volant est encore très répandu en Belgique, surtout auprès des conducteurs de camionnettes et de camions et sur autoroute. L’institut Vias espère que l’utilisation de caméras pour détecter l’usage du GSM au volant permettra bientôt d’améliorer la situation. Ces caméras peuvent être placées sur les ponts d’autoroute et changées de place toutes les semaines par exemple. De ce fait, on augmente le risque de se faire contrôler aux endroits où l’utilisation du GSM est la plus importante.
Pour Jean-Luc Crucke, ministre de la Mobilité, « Vingt-cinq ans après l’interdiction du GSM au volant, les chiffres sont encore trop préoccupants, en particulier chez les conducteurs professionnels. Le danger est réel, permanent, et souvent sous-estimé. Je soutiens pleinement l’utilisation de technologies comme les caméras intelligentes pour détecter ces comportements à risque. Mieux prévenir, mieux sanctionner : c’est une nécessité pour sauver des vies sur nos routes. »
Que dit le code de la route ? Tant que l'appareil mobile se trouve dans un support approprié, il n'y a pas d'interdiction explicite de l’utiliser. Mais cela ne veut pas dire que l'utilisation de l'infodivertissement est autorisée de manière générale car il est toujours possible de se référer aux articles suivants du code de la route : - Article 7.2. « Les usagers de la route doivent se comporter sur la voie publique de manière telle qu’ils ne causent aucune gêne ou danger pour les autres usagers (…). » - Article 8.3. « Tout conducteur doit être en état de conduire, présenter les qualités physiques requises et posséder les connaissances et l’habileté nécessaires. Il doit être constamment en mesure d’effectuer toutes les manœuvres qui lui incombent et doit avoir constamment le contrôle du véhicule ou des animaux qu’il conduit. » - Article 8.4. « Sauf lorsque son véhicule est à l’arrêt ou en stationnement, le conducteur ne peut utiliser, tenir en main ni manipuler aucun appareil électronique mobile doté d’un écran, à moins qu’il ne soit fixé au véhicule dans un support destiné à cette fin. » L'infraction à l'article 7.2 est du 2e degré (116 €). L’infraction aux articles 8.3 et 8.4 est du 3e degré (174 euros). |